Berne, 17 mars 1998, conférence de presse pour le lancement des initiatives du GSsA

Le service civil volontaire pour la paix (SCP):

2. L'ouverture solidaire au lieu de l'interventionnisme militaire

La sécurité, la solidarité et la paix sont trop importantes pour les laisser en main aux militaires. Les systèmes de sécurité basés sur l'efficacité militaire n'empêchent pas les conflits d'éclater. L'initiative pour un service civil volontaire pour la paix est une alternative à la conception toute militaire de la sécurité et de la paix. Elle se base sur trois constatations élémentaires:

S'il est vrai que les problèmes et les défis d'aujourd'hui dépassent largement le cadre des frontières nationales, il faut que les réponses aussi se situent au niveau international. L'initiative pour un SCP n'est pas un nouveau "Sonderfall" helvétique: des projets similaires sont proposés par des mouvements pacifistes ou des milieux ecclésiastiques en Allemagne, en France, en Italie ou en Autriche. Au niveau européen, la fraction des Verts a déjà déposé une proposition analogue au parlement européen.

Concrètement, un service civil volontaire pour la paix permettrait d'agir à trois niveaux:

  1. Une formation de base à la gestion non-violente des conflits, ouverte à tous et toutes, fournirait les connaissances et les compétences nécessaires pour affronter la violence et les conflits dans toutes les situations de la vie quotidienne de notre société.
  2. Ensuite, une formation spécifique et continue permettrait de créer les ressources humaines qualifiées qui sont indispensables pour fournir une contribution solidaire et engagée dans des situations de conflit.
  3. Enfin, les engagements sur le terrain avec des spécialistes bien préparés. Ces actions se feraient sur demande de l'une ou l'autre des parties impliquées dans une situation de conflit. Cela permettrait à la Suisse d'apporter sa solidarité concrète avec des moyens où elle possède déjà des atouts et des qualités, c'est à dire dans le domaine des solutions civiles.

C'est précisément dans ces domaines-ci que l'action internationale fait encore largement défaut, certainement pas dans l'offre de "bataillons d'intervention pour la paix".

Le besoin d'approches civiles pour la prévention des conflits et pour la construction de la paix n'est pas un postulat formulé uniquement par les mouvements pacifistes européens:

Ces objectifs se retrouvent presque mot par mot dans nos deux initiatives, mais ce n'est pas le GSsA qui les a inventés. Les points que je viens d'énumérer, ce sont les buts principaux définis dans le Programme pour une culture de la Paix de l'UNESCO.

En novembre dernier, l'Assemblée Générale de l'ONU a déclaré l'an 2000 "Année Internationale pour une culture de la Paix". Grâce à une autre initiative qui va être lancée prochainement, la Suisse pourrait enfin adhérer à l'ONU. Une Suisse civile, solidaire et ouverte, ce serait le plus beau cadeau que nous pourrions offrir au monde au début du prochain millénaire. Elle sera peut être un des derniers pays à adhérer à l'ONU, mais avec un SCP elle serait l'un des premiers à amener un engagement concret, civil et solidaire pour la construction de la paix et pour le développement d'une culture de la paix.

Tobia Schnebli, GSsA Genève